Si ce film avait été une comédie de pure fiction ou, au contraire, un film inspiré de faits réels qui ne soit pas une comédie, on aurait pu se réjouir.
Avec un tel sujet, on aurait pu imaginer en effet un film dans la lignée de Billy Eliott.
Le personnage aurait dans ce cas pu être interprété par un adolescent, un peu androgyne et ressembler au personnage de Tazio dans Mort à venise.
Le seul problème, c’est que Guillaume Gallienne répète dans la presse et les médias que ce film est largement inspiré de sa vie.
Ses explications paraissent sincères et il ne semblent pas du tout animé de mauvaises intentions. Il dit qu'il a préféré faire une comédie pour dédramatiser, parce qu'il a réussi à surmonter tout ça, etc.
Concernant la mise en scène, il ne fait pas de doute que Guillaume Gallienne est un excellent comédien et que certaines scènes sont particulièrement bien jouées par lui-même et par les autres comédiens (rôle du"père", de la "grand-mère", des "médecins de l'armée"...).
Un bémol toutefois : si on parvient à oublier que le personnage de la mère est interprété par un homme, le personnage de Guillaume, jeune, est peu crédible. Cet adolescent, qui a les traits d'un homme de 41 ans laisse parfois une impression bizarre lorsqu'il côtoie de véritables jeunes âgés de 18 ou 20 ans.
La mise en scène loufoque ne parvient pas à dissiper cette impression.
Pour ce qui est du scénario, en revanche, le personnage de Guillaume fait surtout rire la salle du fait de son côté effeminé.
Même si c'est plutôt bien joué, l'acteur en fait des tonnes et, comme le fait remarquer Pierre MURAT (cf. critique dans TELERAMA), la scène en Allemagne avec Diane KRUGER est particulèrement affligeante, inutile et mal venue.
Le rire du public lors de ce passage du film est extrêmement gras. L'humour repose sur le cliché de la "pénétration anale", sensé résumer l'homosexualité masculine. Et, comme si cela ne suffisait pas, le public se régale de voir le personnage à poil et de l'humour pipi-caca de la scène.
Difficile d'imaginer une scène plus médiocre et de s'apercevoir que c'est une de celle qui a le plus de succès !
Plus globalement, le personnage de Guillaume est l'occasion de libérer un rire homophobe qui fait froid dans le dos lorsqu'on est homosexuel soi-même.
Le pire, c'est que si une large partie du public s'autorise à se moquer, c'est parce qu'il sait que le personnage est en réalité hétérosexuel, tout comme le réalisateur.
Ce public-là rit des atrocités que vit Guillaume lorsqu'il est pris pour un homosexuel (comme si ces atrocités étaient méritées) et est ému lorque le personnage révèle qu'il ne l'est pas (comme s'il avait été victime d'une injustice).
Au bout du compte, si le film aborde le problème de l'identité, l'image qu'il donne de l'homosexualité est assez détestable car tous les clichés sont réunis : l'homosexuel effeminée, l'homosexuel qui ne s'assume pas, l'homosexuel adepte de partouze et raciste, l'homosexuel fan de pénétration (tuyau dans l'anus ou bite de cheval).
Pour autant, la presse est unanime. Le film est un chef d'oeuvre et on est tous rassuré de savoir que Guillaume Gallienne, grand comédien de la Comédie Française, n'est pas homosexuel.
Avec ce film, Guillaume Gallienne réussit un coup de maître : il nous fait pleurer avec son enfance, apparait novateur en abordant le thème de l'identité, nous fait une démonstration de ses talents d'acteurs.
Et tout ceci, c'est sans compter l'argent qu'il devrait empocher et les autres prix qui ne tarderont pas d'être décernés à son film.
Bravo Guillaume !
Les garçons et guillaume - extraits du spectacle