ALU PAR ALU : l’auto-interview n°2.
Vous aviez déjà réalisé une auto-interview d’ALU au mois de septembre 2011, pourquoi une seconde auto-interview aujourd’hui ?
Parce que nous attendons toujours la proposition d’interview de TETU ou, mieux encore, celle d’HETEROCLITE ! (rires)
Plus sérieusement, parce qu’après 27 mois d’existence, il était temps de faire un premier bilan.
Et quel est donc ce bilan ?
Le tout premier constat que nous pouvons faire, c’est que « we’re are stronger together » est un principe qui se vérifie dans les faits. ALU est né des idées de deux personnes d’âges et de sexes différents, n’ayant pas la même formation, pas le même parcours, pas la même vie.
La première personne rêvait de créer un magazine culturel qui aurait été entreposé dans certains lieux. La seconde avait imaginé un « blog » ou « petit journal » écrit à plusieurs. Du mix de ces deux idées est née l’idée de créer un « webzine ».
La première personne rêvait d’un webzine "plutôt pro" (design soigné, rédacteurs se sentant capable de rédiger un véritable article, etc.). La seconde personne rêvait d’un projet ouvert permettant des « regards croisés », l’expression de sensibilités différentes.
ALU est aussi un mix de ces deux idées là.
A ce jour, les articles d’ALU ont été essentiellement rédigés par trois rédacteurs qui se connaissaient mais qui avaient tous des univers très différents. Chacun a pu faire découvrir ses talents cachés, ses passions, ses découvertes (découverte de lieux, de sites Internet, d’associations, de sujets justifiant qu’on en parle...).
D’autres personnes se sont intéressées au projet sans publier pour autant des articles. Ils ont permis notamment à ALU de relayer certaines infos.
En ce sens, on peut dire que l’idée qu’on est plus fort ensemble se vérifie.
En quoi le bilan est-il plus contrasté ?
A ce jour, ce qui reste le plus compliqué pour ALU, c’est l’individualisme, le repli de chacun sur lui-même ou sur son petit réseau, phénomène qui n’est pas propre aux LGBT, évidemment.
« Cette peur de l’autre » se constate déjà au niveau de certains responsables de sites Internet. Ceux qui vivent de leur site se méfient des sites amateurs qui pourraient leur faire perdre de l’audience, voire détourner une partie de leur marché publicitaire.
Certains sites amateurs connus reposent le plus souvent, quant à eux, sur les épaules d’une ou deux personnes et ils sont donc très vulnérables lorsqu’ils prennent de l’ampleur , leur fonctionnement exigeant de plus en plus de temps (cf. disparition du site GAYCLIC).
Ceux qui gèrent des sites plus petits craignent que celles et ceux qui s’intéressent à d’autres sites n’aient plus le temps de s’impliquer dans le leur.
En réalité, sites amateurs ou pas, ceux qui sont en situation de monopole auraient parfois besoin d’un peu de concurrence, d’autres, au contraire, auraient intérêt de jouer le jeu de la complémentarité, un peu comme le font les « réseaux sociaux ».
La difficulté pour les webmasters est d’avoir des ambitions réalistes. L’auteur d’un blog faisait remarquer, par exemple, que l’augmentation de l’audience d’un site rendait parfois difficile la modération des commentaires.
Concernant les internautes, les « réseaux sociaux » leur ont donné la possibilité de s’exprimer de différentes manières mais au niveau des « sites » (en dehors de certains, comme Peuplade, dont la finalité est de créer des liens), on leur demande de participer de façon très particulière. Ils peuvent le plus souvent « poster des commentaires », « accéder à un forum de discussions » ou faire partie d’une communauté de blogs (exemples : blogs sur YAGG ou GAYATTITUDE).
Le problème, c’est que les commentaires des internautes ont vite fait d’être noyés dans la masse. Le commentaire « intelligent » côtoie souvent le commentaire « lapidaire » ou « stupide » ou « injurieux », au point parfois, nécessairement, de décourager certains internautes.
Quant à ceux qui décident de créer un blog au sein d’une communauté de bloggeurs, il leur arrive àeux aussi, bien souvent, d’être noyés dans la masse.
C’est pour cette raison qu’ALU défend l’idée d’un webzine local susceptible de créer des échanges réels et non plus seulement virtuels. C’est pour cette raison aussi qu’ALU est un projet (et pas seulement un webzine) qui prend la forme d’un « collectif ouvert », où chacun a sa place, où chaque voix compte pour une voix.
Des liens à l’échelle locale se créent-ils grâce à ALU ?
A ce jour ces liens se développent surtout au niveau de celles et ceux qui se mobilisent déjà pour faire exister certains sites Internet, créer des évènements ou pour faire vivre une association.
ALU a pu avoir des échanges inattendus avec une romancière parisienne, un webzine algérien ou des webmasters de sites nationaux (THE LLOVE, ITSOGAY…) mais, contrairement à sa vocation, il reste finalement encore peu connu à l’échelle locale.
Cela tient surtout à un problème de temps et de communication. ALU n’a pas encore pris le temps de se faire connaître de toutes les associations, considérées pourtant comme des partenaires privilégiés.
Les cartes de visite éditées ont été peu diffusées. La page Facebook est sous-utilisée.
Enfin, nous n’avons pas encore su faire passer le message qu’il s’agit réellement d’un « projet collectif ouvert ».
ALU, tel qu’il existe n’est en réalité encore qu’un numéro 0. Notre objectif numéro un était en effet de montrer que les articles pouvaient aborder des sujets très différents et prendre diverses formes.
De ce fait, ALU peut donner l’impression d’un projet abouti, alors que ce n’est qu’une « maquette ».
A quel moment pourrez-vous dire que le « projet ALU » est un « projet réussi » ?
Le jour où participeront à ce projet des lesbiennes, des gays, des bisexuels, des transsexuels, des hétérosexuels, des jeunes, des vieux, le jour où se côtoieront des articles plutôt sérieux et d’autres plutôt drôles, des articles très courts ou plutôt longs, des reportages photos ou vidéos, des dessins, des poèmes, des nouvelles (…).
Faute de devenir tous(es) amis(es), peut-être pouvons-nous coexister, apprendre à mieux nous connaître et réaliser que définitivement : « we’re stronger together » ?
ALU tient une nouvelle fois à remercier ALU
pour son aimable participation à cette interview.