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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 11:12

 

sortiedeplacard - Copie

 

  

Rémi a écrit à ALPES LGBTH UNITED pour nous faire connaître son site.

 

Visite de www.sortiedeplacard.com où Rémi propose un accompagnement des personnes en questionnement sur leur orientation sexuelle ou identité de genre. A côté de cette activité de coaching, Rémi est aussi bénévole au sein de l’association CONTACT et membre de l’association LE REFUGE.  

 

 

ALU : D’après les informations figurant sur votre site, dans le cadre d’un statut d’auto-entrepreneur, vous proposez un accompagnement aux personnes qui souhaitent effectuer leur « coming-out ». Vous faites référence au « coaching ». Pouvez-vous nous en dire plus sur votre formation dans ce domaine et/ou dans le domaine de l’analyse systémique ?

 

Rémi :

Le coaching est d'abord une approche du monde de l'entreprise à l'attention des managers, des équipes et des organisations. La définition de l'approche de l'école Vincent Lenhardt (CT) pose ce cadre : "Accompagnement d'une personne (coaching) ou d'une équipe (team building) dans une situation professionnelle pour l'aider à trouver ses solutions et développer ses compétences dans une perspective de développement durable et global." Cette approche croise des éléments importants : 

·         Le premier est le travail dans l'ici et maintenant, c'est à dire que l'accompagnement ne s'attache à être ancrer dans le présent sans aller chercher les traumatismes passés. Ils peuvent émerger dans l'échange et j'invite la personne à aller les traiter chez un thérapeute. 

·         Le second est la démarche de projet, l'engagement volontaire sur un chemin. L'accompagnement se fait à cet endroit autour de ce projet et à partir de ce qui se passe dans la vie de la personne.

·         Le troisième élément est que cette personne va s'appuyer sur ses ressources personnelles que l'accompagnement va éclairer, valoriser, utiliser, et sur ses difficultés aussi qui peuvent être analysées et transformées.

  

Je suis venu à cette formation pour renforcer mon cadre professionnel d'accompagnement en travaillant sur ma posture. Et puis mon histoire personnel m'a fait transposer cette posture à SdP (Sortiedeplacard) en l'adaptant à ces dimensions particulières parce que je considère qu'une personne qui se pose des questions sur son orientation, sur son identité ou qui se ressent profondément homosexuel, bisexuel, n'est pas une personne malade. La thérapie n'est pas toujours nécessaire. Cette personne se confronte plus au regard des autres, à la société qui a instauré une norme et par conséquence à ce qui précèdent à une estime de soi mise à mal.

Comment se décline la systémie ? La systémie est un regard qui se centre sur l'individu dans son contexte, son environnement, ses différents système d'appartenance. Elle va porter son regard sur la complexité, la globalité du sujet. C’est une autre forme de pensée. D'une logique disjonctive (analytique, linéaire, isolement, microscope, système causal linéaire) à une logique conjonctive (individu et son environnement)

  

A SdP, la systémie vient renforcer le travail d'accompagnement, puisque la personne est placée dans son système relationnel. La famille bien sûr et d'abord, puis aussi les cercles d'amis et les espaces sociaux comme le travail ou autres lieux collectifs. Quand une personne s'affirme différente, elle a à prendre en compte la présence et la réaction des autres, l'anticiper, l'accompagner, parfois s'en détacher. L'accompagnement à SdP se place sur l'estime de soi et la relation au monde.

Le coming-out (CO) est un des aspects de l’accompagnement de SdP, celui le plus connu. Le CO ne se fait pas en une fois, c'est un processus qui se rejoue sans arrêt. Il y a le CO originel, celui que l'on se fait et celui que l'on fait à ses proches et il y a un ajustement, des ajustements et pour finir un alignement entre ce que je suis dedans et ce que je montre aux autres. SdP s’attache à répondre à toutes ses questions et la dernière particulièrement. 

 

ALU : Depuis le 1er juillet 2010, la profession de psychothérapeute a été règlementée, la loi exige pour les non-médecins, la possession d’une formation théorique agréé en psychologie clinique, validée par un diplôme de master en psychologie ou psychanalyse et complétée par un stage pratique. Qu’en est-il du cadre réglementaire concernant le coaching ?

 

Rémi :

La formation de coaching a demandé des pré-requis comme un parcours conséquent et marqué dans l'accompagnement des personnes et des organisations et un travail sur soi d'ordre thérapeutique. Cette formation s'est employée à faire, au travers des concepts, des travaux et des expérimentations un grand "nettoyage de lunettes personnelles" pour que le coach soit au service de la personne accompagnée sans être dans sa réparation personnel. Disponible à l'autre dans un cadre qui sécurise la relation à l'autre. 

Enfin, la certification s'obtient autour d'un travail sur les concepts et sur la mise en œuvre de la posture en situation réelle. La certification ne s'obtient pas toujours. Il n'y a pas de cadre réglementaire comme la psychothérapie et ce n'est pas le même métier. Par contre, le coach a un lieu de supervision car il lui arrive que sa pratique d'accompagnement fasse émerger pour lui des problématiques à prendre en compte en dehors de cette relation d'accompagnement.

 

ALU : Faisant référence à votre propre parcours, vous semblez dire qu’un psychothérapeute, même très compétent, peut avoir du mal à proposer un accompagnement aux LGB s’il est hétéro, c'est-à-dire s’il n’a pas vécu les choses de l’intérieur ? Cette question peut se poser pour tous les professionnels dont le métier consiste à aider les autres (soignants, travailleurs sociaux, etc.) ? Ne pensez-vous pas que chaque parcours est singulier et qu’une personne homosexuelle (par exemple) peut aussi avoir du mal à comprendre ce que vit ou a vécu une autre personne homosexuelle ?

  

Rémi :

Mon chemin personnel et les personnes que je rencontre dans le cadre associatif ou à SdP me font dire que ce sont des personnes normales et différentes d'une norme posée par la société depuis longtemps. Certains ont souffert de traumatismes et ont besoin d'aller vers un thérapeute pour cela, d'autres on besoin de s'ajuster à leur identité différente mais pas nécessairement issue d'un trauma. 

Quand on va chercher un accompagnement, qu'il soit thérapeutique ou non la personne fait beaucoup d'effort pour aller chercher de l'aide et du coup s'exposer au regard d'un autre. Alors, elle a  besoin d'être accueilli. J'ai rencontré dans mon parcours des thérapeutes qui me considérait comme patient plutôt que personne, comme hétéro-déviant à remettre dans le droit chemin plutôt qu'homosexuel émergeant...  

Bien sûr, qu'en tant qu'homo je n'appréhende pas toutes les réalités d'orientations et de genre, mais d'être passé par ces étapes et ses ressentis de solitude, de doutes, de dévalorisation ouvre les yeux sur cette question de l'accueil de l'autre dans son chemin. Et puis, le fait de me centrer à SdP sur ces questions d'orientations et de genres me fait étudier ces dynamiques et m'ouvrir toujours plus à cette (belle) diversité.

 

 

ALU : Vous êtes membre, semble-t-il,  de deux associations, pensez-vous que les associations LGBT existantes sont en capacité d’accompagner les personnes au niveau de leur coming-out ? Si oui, pourquoi proposer une autre forme d’accompagnement ? Si non, pourquoi ne pas intervenir en tant que « coach » au sein de ces associations ?

  

Rémi :

Le travail de ces associations est formidable.

Les associations comme Contact offre une place "autour du feu". La personne qu'elle soit homosexuelle ou parents et proches d'homosexuel peut venir rencontrer, écouter, témoigner à d'autres. C'est un espace collectif au travers de groupes de paroles, de temps conviviaux ou d'entretiens. Seule la ligne d'écoute est vraiment individuelle. 

La proposition faite à SdP est différente et complémentaire. La personne qui fait appel souhaite un accompagnement individuel pour faire un chemin. C'est un projet dans la durée et un engagement. La question de l'agent accompagne cet engagement. 

L'association le Refuge est dans l'accompagnement. Elle s'adresse à un public particulier, celui de jeunes mineurs qui se retrouve à la rue suite à leur coming-out. C'est une action d'urgence et un collectif de professionnels et de bénévoles accompagne ces jeunes dans différentes dimensions sur un temps donné. Je soutiens cette structure et me suis porté volontaire pour être bénévole dans le suivi de jeune. La structure la plus proche est sur Lyon, je ne peux pas m'engager plus en termes d'organisation.  

 

ALU : Votre activité s’adresse, selon votre site, aux jeunes et aux adultes, si « jeunes » sous-entend « mineurs », est-il possible pour « un coach » de proposer un accompagnement à un mineur sans une autorisation parentale ? Est-il possible d’obtenir une autorisation parentale pour un mineur qui n’a précisément pas encore fait son coing-out auprès de ses parents ?

 

Rémi :

C'est une grande question, puisque la grande difficulté du coming-out est de se révéler à ses parents ! Quand le cas se présente, je dirige le jeune vers une association du type Contact pour un accueil collectif. Dans ces associations les entretiens individuels se font à deux bénévoles. 

Et pour patienter en étant actif jusqu’à la majorité, le site SdP a été conçus pour apporter des ressources, l'onglet "tiroir secret" propose livres, films et sites pour avancer seul.

 

ALU : Qu’un « coming-out » soit « accompagné ou non », ne comporte t-il pas toujours des risques ? Est-il réellement possible de tous les identifier ?

  

Rémi :

Le risque de réussir !

Le plus grand risque est de réussir à être aligné dans son identité, son genre dans son système relationnel. Pour atteindre cette réussite il faut du temps, des expérimentations qui sont analysées pour avancer. 

La posture de coach est de sécuriser ce chemin. Inviter la personne à aller chez un thérapeute pour des blessures montées à la conscience, aller voir son superviseur (pour le coach)  quand des questions de processus émergent dans l'accompagnement, être en veille sur les questions d'orientation et de genre

 

 

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